L’objectif de ces journées est de créer un échange transdisciplinaire et comparatif sur les sociétés de pêcheurs et leurs différentes pratiques de pêches. Dans la perspective de l’écologie politique, il sera question d’explorer ses applications actuelles dans les recherches en sciences sociales consacrées à la pêche : quels sont les questionnements fondateurs et les contributions possibles au grand débat sur les politiques environnementales, leurs impacts sur les milieux, les ressources et les sociétés de pêcheurs ?
Les politiques de gestion de la pêche doivent intégrer une pluralité d’objectifs correspondant aux trois paradigmes de la pêche (Charles, 2001) : un objectif de conservation, un objectif de rationalisation et un objectif social. Or il y a une vraie difficulté à considérer ces trois objectifs conjointement, alors que les différentes politiques sectorielles ressortissent le plus souvent à ces trois domaines. Par ailleurs, nous retrouvons cette même difficulté dans le monde de la recherche scientifique, qui peine à avoir une vision intégrative et transversale et qui reste le plus souvent cantonnée par des limitations disciplinaires, malgré les avancées très importantes réalisées depuis une cinquantaine d’années dans la science halieutique.
Organisée par une sociologue et un géographe, cette journée se veut résolument multidisciplinaire afin de croiser les regards et les expériences de recherche (diversités des terrains, des méthodes et des thèmes) et de dégager ainsi des axes transversaux de recherche dans le domaine de la pêche. Les thèmes abordés dans les trois sessions sont autant d’entrées épistémologiques que de biais de réflexions sur les méthodologies communes aux sciences sociales et que nous chercherons ici à faire dialoguer. Afin de mettre en évidence l’imbriquèrent des différentes enjeux et modalités d’action dans le monde de la pêche, ainsi que son déploiement spatial et temporel, ces journées thématiques réunissent des contributions qui relient de façon plus ou moins explicite ces différentes aspects : la dimension écologique, la dimension économique et politique, la dimension socioculturelle et spatiale de la pêche.
Ce type de réflexion transversale trouve ces racines dans plusieurs corpus théoriques. Dans l’écologie politique, elle consisterait dans la mise en avant du caractère socialement construit des ressources de pêche et des relations de pouvoir qui en découlent. Dans le langage de la sociologie de la traduction (ou de la ANT), il s’agirait de considérer la pêche comme un concept hybride incluant des éléments de la nature, des techniques, des normes d’interaction, etc., qui sont co-construis dans les systèmes de pêche. Les communications ci présentes s'intéressent à la fois les dimensions institutionnelles en termes de règles d’action, et aussi les stratégies et les constructions sociales par les acteurs eux-mêmes.